Page:Euripide, trad. Leconte de Lisle, I, 1884.djvu/86

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ÉLEKTRA.

Je ne te lâcherai point, mais, t’enveloppant de mes bras, je t’empêcherai de faire des bonds furieux.

ORESTÈS.

Lâche-moi, toi qui es l’une de mes Érinnyes et qui me saisis par le milieu du corps pour me jeter dans le Tartaros !

ÉLEKTRA.

Ô malheureuse que je suis ! Quel secours invoquerai-je, puisqu’une Divinité nous est ennemie ?

ORESTÈS.

Donne-moi cet arc de corne, présent de Loxias, à l’aide duquel Apollôn m’a ordonné de chasser les Déesses, si elles m’épouvantaient de leur rage furieuse.

ÉLEKTRA.

Un des Dieux peut-il être blessé par une main mortelle ?

ORESTÈS.

S’il ne s’éloigne de mes yeux. N’entendez-vous pas, ne voyez-vous pas les flèches ailées qui s’envolent de l’arc qui frappe sûrement ? Ah ! ah ! Qu’attendez-vous ? Montez de vos ailes à la cime de l’Aithèr et accusez les oracles de Phoibos. Ah ! pourquoi suis-je défaillant ? Pourquoi ce souffle haletant de mes poumons ? Où m’élançai-je de mon lit ?… Enfin, hors de la tempête, je revois le calme ! Sœur, pourquoi pleures-tu en te cachant la tête dans ton