Page:Euripide - Théâtre, Artaud, 1842, tome 2.djvu/129

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mêle mes gémissements aux tiens ; oiseau plaintif comme toi, mais privée d’ailes pour revoir ma patrie, je regrette les doux entretiens des Grecs ; je regrette Diane Lucine, qui habite sur le mont Cynthius, à l’ombre des palmiers à l’élégant feuillage, des lauriers aux rameaux touffus, et du pâle olivier consacré par les couches de Latone, non loin du lac peuplé de cygnes dont les chants mélodieux célèbrent les Muses. Que de larmes coulèrent de mes yeux, et baignèrent mon visage, lorsqu’après la ruine de ma patrie, je montai sur des navires couverts de rames et de lances ennemies ! Vendue à prix d’or, je vins dans ce pays barbare, où je sers la fille d’Agamemnon, prêtresse de Diane chasseresse. Vouée au service des autels qu’arrose le sang des victimes, je porte envie à ceux dont le sort fut toujours misérable ; car le malheur est moins pesant à celui qui y fut élevé ; mais les revers qui surviennent après la prospérité rendent la vie insupportable aux mortels. Pour toi, ô ma maîtresse, un navire argien porté par cinquante rames, te conduira dans ta patrie : les sons aigus de la flûte de Pan, dieu des montagnes, encourageront