Page:Euripide - Théâtre, Artaud, 1842, tome 2.djvu/187

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ne sais rien de sa conduite coupable à Troie. Le résultat de cet entretien sera son arrêt de mort, elle ne pourra pas y échapper.

MÉNÉLAS.

Cette faveur est une perte de temps ; cependant, si elle veut parler, elle le peut ; mais qu'elle le sache bien, c'est à ta demande que je la lui accorde, et non pour elle-même.

HÉLÈNE.

[914] Peut-être es-tu résolu, que mes raisons soient bonnes ou mauvaises, à ne pas me répondre, et à me traiter en ennemie ; mais les reproches que tu vas sans doute faire entendre contre moi, je les réfuterai, en opposant nos griefs mutuels. Celle-ci d'abord a enfanté la cause de tous ces malheurs, en enfantant Paris; en second lieu, le vieux Priam a causé la perte de Troie et la mienne, en laissant vivre cet enfant, ce Pâris, qu'un songe prophétique avait montré à sa mère comme un flambeau fatal qui devait embraser sa patrie. Or, vois la suite des événements : Pâris est établi juge entre les trois déesses. Pallas lui offrit la conquête de la Grèce, à la tête de l'armée phrygienne ; Junon lui promit l'empire de l'Asie et de l'Europe, s'il jugeait en sa faveur ; Vénus exalte mes charmes, et promet de me donner à lui, si elle obtient le prix de la beauté. Considère maintenant les suites : Vénus l'emporte sur ses rivales, et voici quelle fut l'influence de mon hymen sur le bonheur de la Grèce : par là, vous échappez à la domination des Barbares, et au joug de la tyrannie. Mais ce qui fit le bonheur de la Grèce, a fait ma ruine ; vendue pour ma beauté, je me vois outrageusement accusée pour les faits qui auraient dû me valoir des couronnes. Mais, diras- tu, je ne me suis pas encore expliquée sur la question de mon départ clandestin de ton palais. Une déesse trop puissante accompagnait celui qui fut mon mauvais génie, cet Alexandre,