Page:Euripide - Théâtre, Artaud, 1842, tome 2.djvu/188

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ce Pâris, de quelque nom que tu l'appelles, ô lâche époux, ce Troyen à qui tu livras ton palais en quittant Sparte, pour aller dans l'île de Crète (42). Mais ce n'est pas toi, c'est moi-même que j'interrogerai sur ce qui en résulta : quel sentiment put me porter à abandonner ainsi ma patrie et ma famille, pour suivre un étranger? Prends- t'en à la déesse, et sois plus puissant que Jupiter ; il est le maître des autres divinités, mais il est l'esclave de Venus. J'ai donc droit à l'indulgence. C'est de là que tu pouvais tirer un grief spécieux contre moi. Lorsque Paris fut enseveli dans le sein de la terre, et que sa mort eut dissous l'hymen formé par une déesse, je devais quitter sa maison, et me réfugier dans le camp des Grecs : je me suis empressée de le faire. J'en prends à témoin les gardiens des portes, et les sentinelles placées sur les remparts, qui souvent m'ont surprise à suspendre une corde, du haut des murs, pour laisser glisser mon corps jusqu'à terre. Mais un nouveau mari, Déiphobe, me ravit de force, et m'épousa malgré les Phrygiens (43). Ma mort pourrait-elle encore être juste ? pourrais-tu, ô mon époux, me condamner justement? Celui-ci m'épouse malgré moi; et quant à ma fuite de Sparte, au lieu d'obtenir le prix de la beauté, j'ai été livrée à un triste esclavage. Si tu prétends vaincre les dieux, ton désir est insensé.

LE CHOEUR.

Reine, défends tes fils et ta patrie, confonds sa perfide