Page:Euripide - Théâtre, Artaud, 1842, tome 2.djvu/386

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Le Messager.

Je dis que tu as perdu le fruit de tant de travaux.

Ménélas.

Tu rappelles d’anciennes infortunes ; mais quelle est ta nouvelle ?

Le Messager.

Ton épouse s’est évanouie dans les airs, elle a disparu et s’est perdue dans le ciel, en quittant la grotte où nous la gardions ; seulement elle s’est écriée : « Malheureux Phrygiens, et vous Grecs, vous êtes morts pour moi sur les rives du Scamandre, par les artifices de Junon, croyant Hélène dans les bras de Pâris, qui ne la posséda jamais. Fidèle à l’arrêt du destin, j’ai accompli le temps qui m’était prescrit, et je retourne au ciel, mon père. L’infortunée fille de Tyndare a vu son nom déshonoré » par d’injustes imputations. » — Mais salut, fille de Léda ! tu étais donc ici ? et moi je venais annoncer ton essor vers la région des astres, ignorant que ton corps traversât les airs sur des ailes. Mais je ne te laisserai pas désormais tourner en ridicule les inutiles travaux que tu as causés à ton époux et à ses compagnons devant Troie.

Ménélas.

C’est cela même : ton récit s’accorde avec ce qu’elle vient de me dire. Ô jour désiré, qui me permet de te presser dans mes bras !

Hélène.

Ô Ménélas, le plus chéri des époux ! bien du temps s’est passé, mais le bonheur luit enfin pour moi. Ô mes amies, avec quelle joie je retrouve et j’embrasse mon époux, après un si long temps !

Ménélas.

Moi de même : entre tant de choses que j’aurais à te dire, je ne sais par laquelle commencer.