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ION

Mais je me retire dans ces bosquets de lauriers, d'où j'apprendrai les arrêts du Destin sur cet enfant. Je vois le fils d'Apollon qui s'avance, pour orner les portes du temple avec des branches de laurier[1]. Ion, je suis le premier des dieux à t'appeler de ce nom, que tu porteras dans l'avenir.




Ion
suivi des ministres du temple.

Déjà le Soleil fait briller sur la terre son char éclatant ; les astres, à l'aspect de ses feux, fuient dans le sein de la nuit sacrée ; déjà les sommets inaccessibles du Parnasse annoncent le jour aux mortels. La fumée de la myrrhe odorante s'élève à la voûte du temple, et la prêtresse de Delphes, assise sur le trépied sacré, va faire entendre aux Grecs les oracles qu'Apollon lui inspire.

Allez, ministres de Phébus que Delphes adore, allez vers la source argentée de Castalie ; et, après vous être lavés dans ses eaux pures, entrez dans le temple. Abstenez-vous de paroles de mauvais augure ; que votre bouche annonce d'heureux événements aux mortels qui viennent consulter le dieu[2].

Pour moi, fidèle aux soins que je remplis depuis mon enfance, je vais purifier l'entrée du temple avec des branches de laurier et des couronnes sacrées, et en répandant sur la terre une fraîche rosée, et j'écarterai à coups de


    de l’Asie mineure furent appelées Ionie, du nom d’Ion, fils de Xuthus. Les douze villes fondées par lui étaient Éphèse, Milet, Myos, Lébédos, Colophon, Priène, Téos, Eurythée, Phocée, Clazomène, Chios, Samos ; on y ajouta par la suite Smyrne.

  1. Virgile, Æneid. ii, 492 :

    Nos delubra Deum, miser, quitus ultimes esses

    Ille dies, testa velamus fronde per urbem.

  2. Il adresse ces mots aux prêtres chargés de recueillir les réponses de la Pythie, et d’expliquer ses paroles obscures.