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flèches les oiseaux qui pourraient souiller les offrandes ; car, sans mère et sans père, je me dois au service du temple d’Apollon qui m’a nourri.

Viens, rameau verdoyant du laurier touffu, destiné à purifier le sol que couvre la voûte du temple d’Apollon, toi qui crois dans les jardins des immortels, où de saintes rosées font jaillir une source intarissable pour arroser la chevelure sacrée du myrte, dont le feuillage me sert chaque jour, dès que le.Soleil prend son vol rapide, à balayer le temple du dieu auquel je rends un culte assidu. Ô Péan ! ô Péan ! béni, béni sois-tu, fils de Latone !

Ô Apollon, je remplis à l’entrée de ce temple un ministère honorable, en me vouant au service du sanctuaire où tu rends tes oracles. C’est en effet un glorieux ministère pour moi de servir les dieux, et non les mortels. Les fatigues de ces nobles travaux ne me lasseront jamais. Phébus est mon père : je bénis le dieu qui me nourrit. Oui, je donne le nom de père au bienfaisant Apollon, qu’on adore dans ce temple. Ô Péan ! ô Péan ! béni, béni sois-tu, fils de Latone !

Mais laissons reposer ce rameau de laurier ; de ces vases d’or je répandrai l’eau limpide des sources de Castalie, je la verserai d’une main pure de souillures. Puisse ma vie s’écouler ainsi au service d’Apollon, ou puissé-je du moins ne le quitter que sous d’heureux auspices ! — Ah ! que vois-je ! — Les oiseaux du Parnasse ont quitté leurs nids ; n’approchez pas des voûtes du temple, n’entrez pas sous ces lambris dorés. Je te percerai de mes flèches, héraut de Jupiter, toi dont les serres recourbées triomphent des autres oiseaux. Voici maintenant un cygne qui vogue à travers les airs jusque dans le sanctuaire. Que ne portes-tu ailleurs tes pieds éclatants comme la pourpre ? ta voix, dont les accents rivalisent avec la lyre d’Apollon, ne te dé-