cette faveur ; et celui dont tu m’as rendue mère n’est sorti des langes dont je l’enveloppais que pour devenir la proie des vautours. Délos te déteste, ainsi que le laurier dont les rameaux se mêlèrent à la gracieuse chevelure du palmier, pour couronner le fruit des amours de Latone.
Ô dieux ! quelle mer de maux se découvre à nos yeux ! à ces plaintes touchantes, qui pourrait retenir ses larmes ?
Ma fille, je ne puis me lasser de te voir, je me sens transporté hors de moi. A peine mon âme avait-elle échappé à un orage de malheurs, que ton récit, comme une vague nouvelle, venait me replonger dans l’abîme : aux maux présents tu fais succéder de nouvelles calamités. Que dis-tu ? de quel crime accuses-tu Apollon ? quel est cet enfant que tu dis avoir mis au monde ? en quels lieux l’as-tu exposé, s’il est devenu la proie des bêtes sauvages ? Reviens sur cette triste aventure.
J’ai honte de m’expliquer devant toi, vieillard ; cependant je parlerai.
Je sais compatir aux maux de mes amis.
Écoute donc ; tu connais cet antre creusé dans le rocher de Cécrops, cet antre exposé au souffle de Borée, et que nous appelons Macra.
Je connais cette grotte, où est le sanctuaire de Pan, non loin d’un autel.
C’est là que j’ai soutenu une lutte déplorable.