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ION.

Le Vieillard

Laquelle ? à tes paroles les pleurs coulent de mes yeux.

Créuse

J’y formai malgré moi avec Apollon une union funeste.

Le Vieillard

Ô ma fille, c’était donc là ce que j’avais pressenti ?

Créuse

Je ne sais : mais si tu dis vrai, je l’avouerai franchement.

Le Vieillard

Ce mai secret dont tu gémissais en silence ?…

Créuse

C’était celui que je te dévoile à présent.

Le Vieillard

Comment as-tu caché ton commerce avec Apollon ?

Créuse

Je devins mère. Écoute-moi avec indulgence, vieillard.

Le Vieillard

Où ? qui t’assista dans les douleurs de l’enfantement ? étais-tu seule à les supporter ?

Créuse

J’étais seule dans la grotte où le dieu m’avait possédée.

Le Vieillard

Où est-il, cet enfant auquel tu devras le nom de mère ?

Créuse

Il n’est plus, ô vieillard ! il a été la proie des bêtes sauvages.

Le Vieillard

Il n’est plus ! ce dieu ingrat ne l’a donc pas secouru ?

Créuse

Il ne l’a pas secouru : c’est dans le séjour de Pluton qu’il l’élève.

Le Vieillard

Et qui donc l’exposa ? car ce n’est pas toi du moins.