Page:Féval - La Quittance de minuit, 1846 - tome 3.djvu/148

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
142
TROISIÈME PARTIE.

réalité. J’étais couchée sur mon lit brûlant, et mon œil avide regardait cette eau tant convoitée… Il se fit un bruit dans la partie de ma prison la plus éloignée de moi ; au même lieu où j’avais entendu, le jour de mon arrivée, cet autre bruit sourd et sinistre annonçant qu’un mur s’élevait entre moi et la vie.

« C’étaient des sons réguliers et qui devenaient plus forts à chaque instant.

« On va venir, me disais-je ; le mur qui ferme ma tombe va céder sous ces coups de marteau… et que vais-je faire pour me défendre, moi qui ne puis quitter ma couche ?…

« Je pensais à lord George Montrath, et je priais la Vierge Marie de m’appeler au ciel avant que cet homme parvint jusqu’à moi. Les coups redoublaient. En même temps une voix se faisait entendre derrière la muraille, qui déjà chancelait. J’écoutais, tremblante d’espoir, car cette voix, je croyais la reconnaître pour la vôtre. Mais vous savez comme sont les rêves, Morris ; les choses fuient et se transforment au gré de mystérieux caprices. Cette voix changea : c’était celle de Mary Wood, la servante saxonne.

« Mon cœur se glaça ; je me bouchai les oreilles pour ne plus entendre. J’avais beau faire, j’entendais toujours et les coups qui retentissaient