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Page:Féval - La Quittance de minuit, 1846 - tome 3.djvu/149

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LE CHATEAU DE MONTRATH.

sur la pierre, et la voix de Mary Wood qui ne cessait de me menacer… Tout à coup la muraille céda, et la prison s’emplit d’une vive lumière qui éblouit mes yeux, habitués aux ténèbres. Mary Wood s’élança vers mon lit ; elle avait un couteau à la main et chancelait en marchant, comme une femme ivre.

« Vous étiez derrière elle, Morris, et vous vous hâtiez vers mon lit pour me défendre, mais quelque chose arrêtait vos pas. Vous alliez bien lentement, et le couteau de Mary Wood menaçait déjà ma poitrine, que vous n’étiez pas encore arrivé au milieu de la chambre…

« Mes yeux ne se fermèrent point devant le couteau levé, et ma main toucha mes lèvres pour vous envoyer un baiser d’adieu…

« Mary Wood riait et raillait votre lenteur. Au moment où la pointe de son couteau effleurait ma poitrine à la place du cœur, une forme blanche que je n’avais point aperçue jusqu’alors se mit entre elle et moi…

« C’était une belle jeune fille, au sourire sérieux et recueilli ; son front pur avait une couronne de cheveux blonds qui retombaient en grappes le long de ses joues, et montraient çà et là ces reflets perlés que j’ai souvent admirés chez les femmes de Londres.