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QUATRIÈME PARTIE.

porte sortait sans doute de la poitrine d’Ellen…

Il se rassurait ainsi pour retomber l’instant d’après en proie aux suggestions de sa jalousie exaltée, et pour se rassurer encore et agenouiller sa colère devant l’image adorée d’Ellen…

C’était un pauvre enfant, battu par une passion qui eût été trop forte contre le cœur robuste d’un homme.

Il restait debout auprès de la porte, immobile et comme écrasé sous le fardeau de ses pensées. Il écoutait. Un seul bruit venait jusqu’à son le oreille : c’était la prière funèbre, récitée par Owen auprès du lit de son frère mort.

Jermyn essayait de suivre l’oraison et d’y associer son esprit, mais il ne le pouvait pas.

Dans son cerveau brûlant, il y avait un monde de pensées qui toutes se rapportaient à un objet unique ! Ellen ! Ellen !… Oh ! qu’il eût été bon, et fort, et capable d’héroïques dévouements, si Ellen l’eût aimé ! Qu’il eût été heureux et confiant ! qu’il eût trouvé de nobles élans au fond de son cœur engourdi !

Hélas ! il souffrait trop ! Depuis que la jeunesse avait clos les heures insoucieuses de son enfance, il ne se souvenait point d’avoir goûté un jour de calme. Cette passion avait pesé sur lui, amère, implacable, toujours ! toujours !