Page:Féval - La Quittance de minuit, 1846 - tome 4.djvu/14

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
6
QUATRIÈME PARTIE.

veillant aussi, et guettant, effrayée, les bruits de la salle commune.

Elle avait entendu les hurlements des chiens, et quelque mystérieuse intuition lui avait dénoncé la présence de Jermyn à quelques pas d’elle. La paume de sa main s’était posée sur le trou de la serrure.

Jermyn était son effroi. Elle avait mesuré la puissance terrible de la passion du dernier des Mac-Diarmid ; elle savait que rien n’était capable de conjurer la fougue concentrée de sa colère.

Il était là ; elle le sentait ; elle tremblait. À l’autre bout de la chambre, le major, étendu sur son lit, dormait. Son sommeil pénible était plein de secousses et de tressaillements. Ses lèvres s’entr’ouvraient pour donner passage à sa respiration oppressée.

Sur le bahut aux antiques ciselures qu’Ellen avait hérité de son père, il y avait une chandelle de jonc allumée. Le visage de Mortimer s’en éclairait faiblement. De la porte qu’elle n’osait point quitter, Ellen le contemplait, épiant avec sollicitude les agitations de son sommeil.

Elle ne craignait point que Jermyn osât forcer la clôture de sa chambre. Pour un fils du sang de Diarmid, c’était là une barrière sacrée que