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QUATRIÈME PARTIE.

Il allait toujours néanmoins. Les deux femmes disparurent à ses yeux derrière les arbres, à un détour de la route. Quand il ne les vit plus, sa certitude devint plus entêtée ; quelques efforts, et il allait rejoindre cette femme qui tenait entre ses mains la vie de Jessy !

Lorsqu’il atteignit l’angle du chemin où avaient disparu les deux femmes, il les chercha sur la route qui se développait maintenant devant lui à perte de vue.

Il n’aperçut rien, si ce n’est une voiture du pays, traînée par quatre chevaux, et cahotant au grand trot sur la route de Galway.

Il n’était pas temps d’hésiter. Morris, sans ralentir un seul instant sa course, se jeta sur les traces de la voiture. Son agilité lui revenait. Le mouvement assouplissait ses jointures roidies, et, à mesure qu’il s’échauffait, il ne sentait plus sa fatigue.

La voiture avait sur lui une large avance, mais c’est un rude chemin qui mène du bourg de Kilkerran à Galway. La voiture sautait à chaque instant sur de rugueux quartiers de rocs ; de grandes racines, appartenant à des arbres coupés depuis longtemps, se jetaient effrontément en travers de la voie ; les roues tombaient dans de profondes ornières, et, n’eût été la vaillance