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LA GALERIE DU GÉANT.

proverbiale des chevaux irlandais, la malheureuse carriole fût restée, à coup sûr, dans un des mille trous de la route.

Morris gagnait du terrain. Le versant abrupt de quelqu’une des montées qui dentellent la côte lui cachait bien souvent voiture et chevaux ; mais quand il arrivait au sommet, il revoyait l’équipage plus proche, et il prenait du cœur.

À moitié chemin de Galway, entre Russavil et Turbach, une côte plus rapide mit au pas les quatre chevaux irlandais. C’était le moment pour Morris, qui gravit la montée à la course. Quand la voiture, parvenue au sommet de la colline, se dessina sur le ciel gris, Morris n’en était plus qu’à deux cents pas environ.

Encore les quatre chevaux s’arrêtèrent-ils pour souffler d’un commun accord.

Morris brandit son shillelah, et prit un dernier élan. Mais à cet instant même une tête sortit de la portière et jeta un regard inquiet sur la route parcourue.

C’était une femme jolie et frêle, au visage souffrant. Morris ne l’avait jamais vue.

En apercevant un homme courant à toute vitesse et sur le point d’atteindre la voiture, la jeune femme poussa un grand cri. Elle se pencha en dehors de la portière, et dit quelques