Page:Féval - La Quittance de minuit, 1846 - tome 4.djvu/152

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
142
QUATRIÈME PARTIE.

Ses frères étaient à leur poste depuis longtemps. Ils ne pouvaient point s’expliquer son absence de la ferme durant la nuit précédente, et murmuraient déjà de son retard. Le vieux Mill’s lui donna sa main.

Soyez le bienvenu, mon fils Morris, lui dit-il.

Mac-Foote, Daws, Gib et les deux enfants entraient à ce moment. Les débats commencèrent.

La déposition du coupeur de tourbe fut accueillie dans l’auditoire par de menaçants murmures ; mais il suffit toujours de la baguette d’un constable pour réduire au silence les pauvres gens du Connaught. La foule se tut bientôt, et les deux enfants, répétant naïvement la leçon apprise, purent consommer la perte du vieux Mill’s.

Celui-ci écoutait, calme, grave, résigné. Il imposait silence à ses fils, dont l’indignation voulait éclater.

— Que Dieu vous pardonne, Gib, mon ami ! dit-il au coupeur de tourbe, qui se rasseyait, pâle et tremblant, sur le banc des témoins. Votre mensonge va me tuer… mais je suis bien vieux et j’ai eu le temps d’apprendre à mourir… Gib Roe, mon pauvre homme, puissiez-vous