Page:Féval - La Quittance de minuit, 1846 - tome 4.djvu/153

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
143
LA GALERIE DU GÉANT.

être le dernier Irlandais que la misère pousse au parjure !

Gib avait la tête baissée, et son souffle râlait. Su et Paddy se cachaient derrière lui.

L’attorney de la couronne se leva et secoua gravement les crins de sa perruque blanchâtre.

La voix trainante et emphatique de l’huissier ordonna le silence.

L’attorney, qui était un homme éloquent, s’attacha d’abord à démontrer que la population irlandaise dérivait d’une colonie milésienne, débarquée en Hibernie à une époque qu’il précisa et que nous ne savons point. De ce triomphant argument, et à l’aide d’une transition subtilement ménagée, il passa aux crimes de Rome, la monstrueuse courtisane, assise sur sept collines. Il effleura la loi des céréales, donna une chiquenaude au bill des collèges, et parvint à placer entre deux une description épique et passablement réussie de la bataille de la Boyne.

En conséquence de ces choses, il requit la peine de mort contre Mill’s Mac-Diarmid.

Le médecin Fitz-Roy, le banquier Bullion, le professeur Hull, hulliste, et les autres membres du jury convinrent volontiers entre eux qu’ils n’avaient jamais entendu de réquisitoire plus remarquable.