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LA GALERIE DU GÉANT.

la faiblesse déplorable de sir Robert Peel. Après avoir injurié suffisamment O’Connell, les Français, le président Polk et Napoléon, il termina en recommandant l’accusé à la haute clémence du jury.

Le président fit lever le vieux Mill’s, et lui demanda s’il n’avait rien à ajouter pour sa défense.

— Je suis innocent, répondit Mill’s dont le regard, ferme et serein, tomba sur le coupeur de tourbe.

Celui-ci, depuis la fin de sa déposition, avait l’angoisse peinte sur la figure. Il restait immobile, affaissé sur lui-même et comme anéanti sous le poids de son remords.

Bien qu’il n’osât point se tourner vers le banc des accusés, il sentit le regard du vieux Mill’s et tressaillit comme si un couteau fût entré dans son cœur. Sa bouche s’ouvrit ; les paroles s’y pressaient en foule ; il n’avait plus la force de persister dans son parjure. Mais, au moment où il allait parler peut-être, la voix sèche et pédante de Joshua Daws se fit entendre à son oreille :

— Les faux témoins sont pendus ici comme à Londres, disait-elle ; et ce serait pitié pour ces pauvres petits !…