Page:Féval - La Quittance de minuit, 1846 - tome 4.djvu/175

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
165
LA GALERIE DU GÉANT.

Morris pâlit.

Mickey le regarda fixement, et mit le jeu de cartes sur la table.

— Mon frère, dit-il, Dieu m’avait fait l’aîné de notre famille. Vous valiez mieux que moi : je vous ai reconnu pour mon chef… Je ne vous ai jamais rien demandé en échange. Payez-moi aujourd’hui, mon frère Morris, et faites comme si j’avais gagné la partie.

Morris hésita un instant.

— Non, répondit-il enfin d’une voix grave ; il s’agit de mort peut-être, et le sort doit décider entre nous, mon frère Mickey.

La tête du géant s’élevait à présent, avidement curieuse, au-dessus de la table. Les enfants regardaient bouche béante. Les trois Mac-Diarmid qui ne jouaient plus avaient les yeux fixés sur le paquet de cartes.

Cette scène, que chacun aurait pu prendre, au début, pour indifférente et frivole, devenait solennelle et terrible.

Un silence profond régnait dans la pauvre demeure.

Mickey reprit les cartes et les brouilla lentement. Quand il eut donné, il releva son jeu et fit un geste de joie.

— J’ai gagné ! dit-il.