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QUATRIÈME PARTIE.

nus aux Molly-Maguires eux-mêmes, que l’heiress n’eût point désespéré d’y dérober le major à tous les yeux, dans le cas même où une réunion des ribbonmen viendrait la surprendre à l’improviste.

Elle comptait bien en outre quitter cet abri avant la nuit tombée.

Durant cette longue route, Ellen avait employé toute l’éloquence de son amour à éloigner du major l’idée d’un retour immédiat à Galway. Elle lui avait rapporté les bruits recueillis par elle le matin même. Ces bruits, contradictoires et tout imprégnés de l’exagération populaire, arrivaient au vrai cependant lorsqu’ils parlaient de la haine envenimée du colonel Brazer et des autorités protestantes. Percy devait être mis en jugement selon les uns ; suivant les autres, on le passerait par les armes comme ayant été pris en flagrant délit de haute trahison, sans autre forme de procès.

Ces révélations produisirent sur le major l’effet qu’aurait dû prévoir la pauvre Ellen. Son énergie, un instant domptée par l’épuisement physique, se redressa plus fière devant cette menace. Il opposa aux supplications d’Ellen l’inflexible loi de l’honneur et sa volonté revenue.

Ellen céda. Il fut convenu seulement que le