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QUATRIÈME PARTIE.

mais à porter le corps frêle d’un enfant adoré ; il la déposa sur le lit bien doucement, et courut tremper son mouchoir dans l’eau froide de la cruche.

Il baigna les tempes et le front de Jessy.

En même temps, à l’aide de ses habits dont il se dépouilla, il réchauffait le corps perclus de la pauvre fille.

Comme elle était changée ! comme la souffrance avait creusé ses joues pâles ! Qu’il y avait de tortures longues et cruelles inscrites sur ce front désolé ! Mais qu’elle était belle encore ! que de douceur angélique restait parmi les traces de son martyre !

Oh ! Morris l’aimait ! il lui eût tout donné en ce moment, ses espérances et ses devoirs, et jusqu’au salut éternel de son âme !

La chaleur revenait peu à peu. Morris, penché au-dessus du visage de sa fiancée, et guettant avidement un premier signe de vie, ressentit comme un souffle faible. C’était Jessy qui respirait.

Le cœur du jeune maître bondit de joie dans sa poitrine.

Oh !… le souffle augmentait ; il soulevait le sein ; les lèvres s’entr’ouvraient ; ce pauvre petit bras, dont la peau blanche et transparente mon-