Page:Féval - La Quittance de minuit, 1846 - tome 4.djvu/251

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
241
LA GALERIE DU GEANT.

trait ses veines bleues, avait remué un peu ; Morris en était sûr !…

Vierge sainte, et Jésus ! que de prières promises ! que de riches quenouilles de chanvre à suspendre aux voûtes bénites de la paroisse de Knockderry !

Bons anges ! encore une oraison au pied du trône d’or de Dieu !

Jessy revivait. Un fugitif incarnat remontait lentement à sa joue.

Morris la contemplait, heureux, suivant avec une allégresse naïve les progrès de son retour à la vie.

Il avait à la lèvre un sourire caressant et doux. L’homme fort, créé par la main de Dieu à la taille d’un héros, mouillait ses yeux de larmes et pliait comme un enfant faible sous l’émotion chère de son bonheur.

Mais tout à coup un nuage passa sur son sourire. Depuis quelques minutes Jessy emplissait son âme. Il ne pouvait penser qu’à elle. Il avait oublié complétement l’intendant et le lord.

Ce souvenir envahit son esprit à l’improviste, et il tourna la tête vers l’ouverture, comme s’il se fût attendu à voir surgir de l’ombre une apparition ennemie.