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LA GALERIE DU GÉANT.

Les trois prêtres de Knockderry allaient d’un cercueil à l’autre, récitant à la hâte les prières consacrées. Le jour approchait, et les premières lueurs du crépuscule devaient trouver le cimetière vide.

On se pressait ; il y avait bien des psaumes à dire, et l’aube arrive vite après les courtes nuits d’été…

Le cimetière de Knockderry était un simple champ couvert d’un tapis d’herbe touffue. Quelques croix de pierre, à demi ruinées, s’élevaient çà et là, couvertes d’antiques inscriptions. Entre ces monuments d’un autre âge, il y avait des ruines toutes neuves : de pauvres croix de bois à peine équarries et dont la pluie avait effacé les étiquettes funèbres. Point n’est besoin de dire qu’on ne voyait là aucune tombe luxueuse. Le plus riche habitant de Knockderry a trop de peine à vivre pour que sa mort soit fastueuse. L’homme de la pauvre cabane humide et nue ne demande qu’un trou dans la terre pour sa dernière demeure, un peu de gazon vert pour couvrir sa tombe, et de bonnes prières dites à Dieu par les cœurs aimés.

Malgré l’absence de tout monument, malgré l’apparence maigre et chétive des quelques arbres qui levaient à trois ou quatre pieds du sol leurs