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LA GALERIE DU GÉANT.

chèrent, et tous ceux qui restaient sous le mur noir de l’église se prirent par la main et jurèrent de venger les morts.

 

Nous revenons aux premières heures de cette nuit.

Dans la retraite que le pauvre Pat s’était arrangée au rez-de-chaussée d’une des tours de Diarmid, Morris était assis sur une escabelle et dormait, la tête renversée contre la muraille humide. On voyait à sa pose que le sommeil l′avait surpris à l’improviste au milieu d’une veille laborieuse. De loin il semblait penser encore, et sa tête gardait l’attitude de la méditation.

Mais de près on ne pouvait s’y tromper. À la lueur d’une branche résineuse qui brûlait dans un coin, on pouvait voir les nobles traits du jeune maître tirés par la fatigue et affaissés en une sorte d’engourdissement.

Plus il avait lutté, plus son repos était profond, après tant d’émotions et de lassitude. C′était comme une léthargie. Il n’avait point ce souffle laborieux et fort qui annonce d’ordinaire le sommeil profond ; sa respiration tombait sans bruit de ses lèvres entr′ouvertes. Chacun de ses muscles reposait dans une immobilité complète,