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LA GALERIE DU GÉANT.

oreilles pour ne plus entendre cette plainte qui l’épouvantait.

Mais au bout de quelques secondes il se dressa sur ses pieds comme si on lui eût enfoncé un aiguillon dans la chair.

— Ah ! Jésus ! dit-il ; ah ! saint Patrick, mon bon seigneur !… Si je le laisse mourir, je serai pendu !

Après quelques heures de délices et d’oubli, le malheureux Pat se retrouvait entre les cornes plus menaçantes de son terrible dilemme. La dent du monstre et la corde du gibet de Galway.

— Morris, reprit-il, mon ami cher… si vous n’êtes pas mort, venez à mon secours !

Toujours le même silence. Pat sentit son cœur défaillir ; mais c’est en ces moments extrêmes que surgissent les résolutions vaillantes. Pat trouva du courage tout au fond de sa frayeur.

Il se traîna sur les mains et sur les genoux jusqu’aux pains d’avoine amoncelés. Il en choisit trois des plus gros pour dédommager en une seule fois le monstre du long jeûne où il l’avait laissé.

Muni de ses trois pains et d’une cruche d’eau, il sortit par une petite porte, communiquant avec l’intérieur des ruines, et s’engagea dans un couloir tortueux, encombré de débris.

Il était sans lumière. Il monta l’escalier tour-