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QUATRIÈME PARTIE.

sa retraite, il ralluma la branche de pin et trouva le courage de s’approcher de Morris.

Sa frayeur avait bien dissipé un peu les généreuses fumées de l’eau-de-vie de France, mais il était encore ivre à demi.

— Il s’est endormi là comme un bon garcon, murmura-t-il. Du diable si je ne le croyais pas mort !… Och ! och ! c’est bien heureux ! je n’aurais pas aimé à passer la nuit auprès d’un cadavre !

Il regarda durant un instant le visage défait et accablé de Morris, puis il leva la main pour l’éveiller. Mais il se ravisa.

— Il a grand besoin de repos et moi aussi, pensa-t-il. Si je l’éveille, il va m’interroger pendant deux heures, et j’ai si bonne envie de dormir !

Il bâilla et poursuivit :

— Reposez-vous, reposez-vous, Morris, pauvre chéri ! ce n’est pas moi qui voudrais vous éveiller, mon garçon !

Il bâilla encore, éteignit sa branche de pin, et se jeta sur la paille.

L’instant d’après, ses ronflements vigoureux se mêlaient aux sourds murmures du vent et de la mer.