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LE BOSSU.

— Ce soir, dona Cruz, interrompit Gonzague froidement, — vous mettrez votre plus riche parure.

Elle releva sur lui son regard défiant et curieux.

— Et je vous conduirai, poursuivit Gonzague, au bal de M. le régent.

Dona Cruz demeura comme abasourdie.

Son visage, mobile et charmant, changea deux ou trois fois de couleur.

— Est-ce vrai, cela ? demanda-t-elle enfin ; car elle doutait encore.

— C’est vrai, répondit Gonzague.

— Vous ferez cela, vous ? s’écria-t-elle ; — oh ! je vous pardonne tout, prince… vous êtes bon !… vous êtes mon ami !…

Elle se jeta à son cou, — puis, le quittant, elle se mit à gambader comme une folle.

Tout en dansant, elle disait :

— Le bal du régent !… nous irons au bal du régent !… Les clôtures ont beau être épaisses, le jardin froid et désert, les fenêtres closes !… j’ai entendu parler du bal du régent !… je sais qu’on y verra des merveilles… et moi, je serai là !…

Oh ! merci ! merci, prince ! s’interrompit-elle ; — si vous saviez comme vous êtes beau