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LE BOSSU.

Gonzague eut grand’ peine à garder son sérieux.

— Elles sont toutes les mêmes ! pensa-t-il.

— Oui, continua dona Cruz, — quand je m’endormais, le soir, je la voyais, ma mère… toujours… toujours penchée à mon chevet… de grands beaux cheveux noirs… un collier de perles… de fiers sourcils… des pendants d’oreilles en diamants… et un regard si doux !… Comment s’appelle ma mère ?

— Vous ne pouvez le savoir encore, dona Cruz.

— Pourquoi cela ?

— Un grand danger !…

— Je comprends ! je comprends ! interrompit-elle, prise tout à coup par quelque romanesque souvenir… J’ai vu au théâtre de Madrid des comédies… C’était ainsi… On ne disait jamais du premier coup aux jeunes filles le nom de leur mère.

— Jamais, approuva Gonzague.

— Un grand danger…, reprit dona Cruz : et cependant… j’ai de la discrétion, allez !… j’aurais gardé mon secret jusqu’à la mort !

Elle se campa, belle et fière comme Chimène.

— Je n’en doute pas, repartit Gonzague ; — mais vous n’attendrez pas longtemps, chère en-