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LE BOSSU.

dre à Oriol, Gironne et compagnie, que c’était là l’instant critique.

— J’étais jeune encore, continua Gonzague, — assez bien en cour… riche, très riche déjà… ma noblesse était de celles qu’on ne conteste point… j’avais pour femme un trésor de beauté, d’esprit et de vertu… Comment échapper, je vous le demande, aux sourdes et lâches attaques de l’envie ? Sur un point j’étais vulnérable : le talon d’Achille ? — L’arrêt du parlement avait fait ma position fausse, en ce sens que, pour certaines âmes basses, pour ces cœurs vils dont l’intérêt est le seul maître, il semblait que je devais désirer la mort de la jeune fille de Nevers…

On se récria, surtout au banc d’Oriol.

— Eh ! messieurs ! fit Gonzague avant que M. de Lamoignon eût imposé silence aux interrupteurs, — le monde est fait ainsi… nous ne changerons pas le monde… j’avais intérêt… intérêt matériel… donc je devais avoir une arrière-pensée… La calomnie avait beau jeu contre moi… la calomnie ne se fit pas faute d’exploiter le filon !… un seul obstacle me séparait d’un immense héritage… Périsse l’obstacle !… Qu’importe le long témoignage de toute une vie pure !… On me soupçonna des intentions les plus perverses… les plus infâmes !… on mit (je dois