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LE BOSSU.

tête noble et mélancolique. C’était un petit homme, tout de noir habillé : celui qui avait amené dona Cruz, celui qui avait commis un faux en contrefaisant l’écriture de Lagardère ; celui qui avait loué la niche de Médor.

C’était le bossu, Ésope II, dit Jonas, vainqueur de la Baleine.

Il riait dans sa barbe et se frottait les mains.

— Tête-bleu ! disait-il à part lui, M. le prince de Gonzague fait bien les choses… et ce coquin de Peyrolles est décidément un homme de goût.

Il était là, ce bossu, depuis l’entrée de dona Cruz ; sans doute il attendait M. de Lagardère.

Aurore était fille d’Ève. À la vue de tous ces splendides chiffons, son cœur avait battu. Cela venait de son ami : double joie.

Aurore ne fit même pas cette réflexion, qui était venue à dona Cruz ; elle n’essaya point de supputer ce que ces royaux atours devaient coûter à son ami.

Elle se donnait tout entière au plaisir. Elle était heureuse, et cette émotion qui prend les jeunes filles au moment de paraître dans le monde lui était douce.

N’allait-elle pas avoir là-bas son ami pour protecteur ?