Page:Féval - Le chevalier ténèbre, 1925.djvu/38

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beaucoup de gens éminents conservent des doutes à cet égard.

« Le prétendant, qui avait à craindre les intrigues combinées de la maison de Brunswick et de son propre frère, Benoît Stuart, cardinal d’York, avait contracté un mariage secret et caché la naissance de son fils, suprême espoir d’une dynastie expirante menacée de toutes parts. Le comte de Glascow possédait des papiers de la plus haute importance. L’incrédulité tombe devant certains titres, émanés de sources tellement respectables que l’obstination dans le doute devient presque un sacrilège. La plupart des nobles vénitiens appelaient le comte de Glascow : Majesté.

« C’étaient, du reste, deux physionomies particulièrement heureuses que ces rejetons illustres et l’on pourrait presque dire deux têtes historiques. Le père, homme de haute taille, à la figure longue et billieuse, ressemblait comme deux gouttes d’eau aux médailles de Jacques Stuart, et le fils, sauf la stature, car il était très petit, vous faisait songer malgré vous, avec ses longs cheveux bouclés et la coupe délicate de ses traits, au portrait de Charles Ier, par Van Dyck.

« Il y avait dans la salle des ancêtres, au palais Barberini, une table de porphyre bleu, supportée par quatre pieds d’argent massif. Sur cette table on avait rassemblé les joyaux de la mariée. Je sais des reines qui auraient envié cet écrin. On voyait là, d’abord les diamants de la dernière comtesse Policeni qui était une Howard, comme la cinquième femme du roi Barbe-Bleue, Henri VIII d’Angleterre ; les diamants de l’aïeule, Rose Gritti ; les diamants d’Anne Gradenigo, la bisaïeule ; le collier de Phébus de Lusignan qui avait épousé Catherine Pépoli ; le diadème de Catherine Cornaro, sa mère reine de Chypre, et la rivière de saphirs de Tranquille Paléologue, femme de l’avant-dernier doge ; tout ceci, du côté de l’époux ; du côté de la fiancée on remarquait le solitaire appelé le Montserrat, dia-