Page:Féval - Les Belles-de-nuit ou les Anges de la famille, tome 1, 1850.djvu/147

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— En route pour quel pays ? demanda encore Bibandier ; voulez-vous m’emmener ?

Robert se mit lestement en selle.

— Nous voulons faire mieux, répliqua-t-il ; quant à moi, je ne peux pas digérer l’idée de te laisser dans la misère… Il nous reste sept francs cinquante…

— Et tu vas partager ? s’écria Bibandier attendri.

— Je te laisse tout !

Bibandier n’eut que la force de tendre la main, tant il restait abasourdi devant cet excès de magnanimité.

— Mais…, voulut dire Blaise.

— Tais-toi ! répliqua Robert ; il entrait dans mon plan d’être dévalisé…

— Voilà un ami ! s’écriait cependant le fanatique uhlan avec componction ; y avait-il longtemps que je n’avais palpé de ces pièces blanches !… Américain ! tu es un vrai !… Donne-moi ton adresse et j’irai te voir au bout du monde !…

Robert allongea un coup de houssine au cheval de Blaise, et ils partirent tous les deux au grand trot.

Bibandier fit un paquet de ses camarades et les emporta sous son bras. Grâce aux largesses de Robert, il avait de quoi nourrir toute sa troupe pendant une semaine.