Page:Féval - Les Belles-de-nuit ou les Anges de la famille, tome 1, 1850.djvu/148

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— Voilà pourtant ce qu’on peut devenir, disait le jeune M. de Blois à son domestique, quand on n’a pas de tenue !… Ce garçon-là aurait pu faire quelque chose, mais quelles manières !… Si nous gagnons la partie, je lui donnerai de quoi retourner à Paris… à moins qu’il n’y ait à faire quelque besogne désagréable, auquel cas je lui promets la préférence.

Blaise était occupé à relever le collet de sa blouse pour se défendre contre le vent qui lui envoyait de larges gouttes de pluie au visage.

— Ça s’annonce drôlement bien ! grommela-t-il ; nous allons en voir de rudes !…

La tempête avait, en effet, éclaté avec une violence soudaine. À peine étaient-ils à trois ou quatre cents pas de l’endroit où ils avaient fait halte, que déjà leurs habits ruisselaient de pluie. Le vent grondait furieusement dans les taillis. De temps en temps un éclair s’allumait dans l’obscurité profonde, et leur montrait la route fangeuse qui s’allongeait à perte de vue.

Blaise grelottait et se plaignait. Robert, au contraire, gardait son imperturbable bonne humeur.

— Bravo ! disait-il ; j’aurais commandé cet orage qu’il ne serait pas tombé plus à propos… Au moins arriverons-nous à Penhoël dans un état convenable…

Une demi-heure se passa. La tempête sem-