Page:Féval - Les Belles-de-nuit ou les Anges de la famille, tome 2, 1850.djvu/104

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

dans le camp ennemi… Je sais que tu es brave comme la poudre, mais il faut bien pourtant te prévenir… Hier, dans une escarmouche pareille à celle que tu vas engager, ton pauvre capitaine a eu de rudes assauts à soutenir… Tu n’exagères en rien, quand tu parles de bataille, ma sœur… Cette nuit, on m’a tiré deux coups de fusil, et j’ai eu mon cheval tué sous moi !

Diane sentit sa sœur tressaillir entre ses bras ; ce n’était pas de la crainte.

Au contraire, le cœur impétueux de la jeune fille s’exaltait à ce danger nouveau.

— Et tu voulais y retourner toute seule !… s’écria-t-elle.

Puis elle reprit avec pétulance :

— Sais-tu ?… Je prendrai ce soir les pistolets de Roger, toi, ceux d’Étienne, et les lâches qui ont tiré sur toi verront beau jeu !…

Diane souriait. Mais au bout de quelques minutes, elle secoua la tête et poursuivit d’un ton plus grave :

— À ce genre de combat, ma pauvre sœur, nous ne serions pas les plus fortes… ce qu’il nous faut, c’est de l’adresse et l’aide de Dieu…

Cyprienne ne répliqua point, mais on pouvait voir qu’elle renonçait avec chagrin à l’idée de faire le coup de pistolet.

— Et toi, reprit Diane, qu’as-tu fait hier ?