Page:Féval - Les Belles-de-nuit ou les Anges de la famille, tome 2, 1850.djvu/105

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— Ce que nous faisons chaque soir tour à tour, répondit Cyprienne. J’ai joué mon rôle d’apparition… J’ai dit à Penhoël, d’une voix de fantôme, qu’un bon génie veillait sur sa maison, et qu’il fallait résister avec courage… Mais Penhoël n’a plus de force… Il ne sait que trembler et fermer ses oreilles !… C’est malgré lui qu’il faudra le sauver… Quant à ceux qui l’entourent, acharnés à sa perte, ils triomphent, ma sœur… Ils se voient au bout de leur peine… et je les entendis hier se dire entre eux que cette nuit même Penhoël leur abandonnerait le dernier morceau de pain de sa femme et de son enfant !

— Le manoir ?…

— Il a vendu la semaine dernière ce qui restait des biens donnés en partage à notre oncle Louis… Il n’a plus rien que le manoir !… Et à l’heure où nous parlons, ils sont sans doute autour de lui… Robert, Pontalès et cette femme qui l’a ensorcelé !… Ils l’obsèdent, ils le menacent de ces papiers qui sont entre leurs mains une arme si terrible !…

Diane se leva.

— Ces papiers, il nous les faut, dit-elle, dussions-nous rester cette fois sur la place… Partons, ma sœur !

Cyprienne était toujours prête quand on parlait d’agir. Les deux jeunes filles descendi-