Page:Féval - Les Belles-de-nuit ou les Anges de la famille, tome 2, 1850.djvu/135

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

parler avec cette légèreté en sa présence… Le fait est qu’il y a là une espace de quelques pieds carrés où le plus vaillant gars des bourgs voisins n’oserait pas pénétrer après la nuit tombée, parce que le vieux commandant de Penhoël y revient

— C’est égal… dit Pontalès : excès de prudence ne nuit jamais… et je voudrais voir…

— Ça peut se faire.

Macrocéphale, toujours complaisant, écarta de la main les branches de châtaigniers qui bouchaient l’entrée du massif et se fraya un passage.

— Veuillez vous donner la peine d’entrer, M. le marquis, dit-il, puisque vous n’avez pas peur des revenants.

Il disparut derrière l’enceinte de verdure, et Pontalès le suivit.

La nuit était noire. Sous les châtaigniers, le feuillage touffu rendait l’obscurité encore plus profonde. Sans cette circonstance, l’homme de loi et Pontalès auraient pu voir qu’ils étaient très-pâles tous les deux et qu’ils avaient l’air assez peu rassurés.

Malgré l’ombre épaisse, on distinguait vaguement la guérite et le banc, couvert d’herbe longue.

— Comme on se cacherait ici !… murmura le marquis d’une voix légèrement émue.