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LES BELLES-DE-NUIT.

— C’est vous qui êtes Diane, n’est-ce pas ?… dit le nabab ; et c’est vous qui aimez Étienne ?

— Étienne ?… répéta encore la jeune fille.

Il lui semblait qu’un pouvoir surnaturel pouvait seul lire ainsi au fond de son cœur.

— Et vous, Cyprienne, reprit le nabab, vous aimez Roger de Launoy ?… Que Dieu vous donne du bonheur, mes pauvres enfants !… L’amour fait bien souffrir… et quand deux cœurs se donnent l’un à l’autre, il y en a toujours un qui ment ou qui se trompe…

— Étienne est un honnête homme, répliqua Diane en relevant la tête.

— Je le crois…, dit Montalt.

— Et Roger m’aime !… ajouta Cyprienne.

— Comment ne pas vous aimer, ma fille ?… Qui sait ?… j’ai tort, peut-être… Dieu le veuille !

Sa physionomie changea, comme s’il eût fait effort pour secouer sa tristesse. Il rappela sur sa lèvre son beau sourire, et prit les mains des deux jeunes filles, qu’il serra contre son cœur.

— Pourquoi ne m’appelez-vous plus votre père ? dit-il presque gaiement.

Diane ne répondit pas, mais Cyprienne, plus hardie par moments, secoua la tête en prenant un petit air mutin :

— Parce que vous nous grondez…, dit-elle,