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CHAPITRE XXII.

joue de Cyprienne serait devenue bien plus vermeille encore si quelqu’un lui eût rappelé qu’elle avait osé mettre un baiser sur le front de cet homme.

Montalt avait l’air grave, presque sévère.

— Bonsoir, Berthe…, dit-il en prenant les mains des deux sœurs ; bonsoir, Louise… Il y a bien longtemps que je ne vous ai vues… Avez-vous pensé à moi, aujourd’hui ?

— Oh ! oui, milord !… répliqua Cyprienne.

— Grâce à vous, ajouta Diane, nous avons porté secours à ceux que nous aimons.

Montalt les regardait en face tour à tour.

— Et vous n’avez point eu regret de m’avoir menti ?… murmura-t-il.

— Menti ?… balbutièrent les deux jeunes filles en échangeant un regard furtif.

Le nabab souriait tristement.

— Laquelle de vous s’appelle Diane ?… demanda-t-il ; et laquelle a nom Cyprienne ?…

Les deux sœurs étaient devenues toutes pâles.

— Oh ! monsieur !… monsieur ! s’écria Diane, je vous en prie, pardonnez-nous ! Le désespoir nous a poussées à venir… et quelque chose nous disait que nous bravions, en venant, les blâmes du monde… Nous avons menti, c’est vrai… mais c’est que nous songions à notre vieux père.