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LES BELLES-DE-NUIT.

réponse, tant la surprise et l’émotion agissaient fortement sur elles.

— Il m’en reste encore cinq ou six fois autant…, poursuivit le nabab, qui sembla compter de l’œil les vides nombreux marqués sur le couvercle de la boîte ; et qui sait si j’aurai besoin désormais de cette fortune ? Voici toujours quatre pierres qui valent chacune cinquante mille écus, à peu près… Je vous les donne, mes filles.

— Est-il possible ?… s’écrièrent à la fois Diane et Cyprienne.

— Ne me remerciez pas…, dit le nabab en les baisant au front tour à tour ; je vous suis encore redevable… Mon cœur était mort depuis vingt ans, et vous l’avez ressuscité pour un jour… Oui, ajouta-t-il en fixant sur elles ses yeux attendris, j’avais oublié la joie d’aimer… Soyez bénies, mes filles, car vous prierez pour moi, j’en suis sûr, quand vous ne me verrez plus.

Les deux sœurs tressaillirent, et leur regard s’emplit d’inquiétude.

Montalt arrêta la question qui se pressait sur leurs lèvres.

— Ne craignez rien, dit-il, Dieu a enfin pitié de moi, puisque je vous ai trouvées… Vous m’aimez, n’est-ce pas ?…

— Oh ! notre bon père !… s’écrièrent les