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LES BELLES-DE-NUIT.

cause et bon bras… Dieu est juste… rangez-vous !

Les deux jeunes gens ne bougeaient pas.

— Je ne sais pas si votre querelle est semblable à la mienne, reprit le vieillard en les écartant d’autorité ; dans un quart d’heure, nous pourrons causer de cela.

Entre lui et son adversaire, il ne restait plus que Vincent, qui parlait bas au nabab avec vivacité.

Montalt détournait la tête et ne répondait point.

— Range-toi, Vincent, reprit le vieux Penhoël ; je ne te dis pas de te retirer, parce que tu es soldat et fils de soldat ; mais pas de faiblesse, enfant !… Nous sommes ici pour l’honneur de Penhoël.

Vincent hésitait encore ; un geste impérieux du vieillard le fit reculer de quelques pas.

— Mon père ! murmura-t-il pourtant, je vous en supplie…

— Silence !… interrompit l’oncle en sabots ; tu vois bien que milord nous attend !

Montalt consultait en effet sa montre.

— Nous avons perdu cinq minutes, dit-il.

— Nous allons les regagner !… s’écria l’oncle Jean qui jeta ses gros sabots et mit ses pieds nus sur le gazon.

Il avait dépouillé sa veste de paysan et mon-