Page:Féval - Les Belles-de-nuit ou les Anges de la famille, tome 5, 1850.djvu/174

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
170
LES BELLES-DE-NUIT.

Le pied nu de l’oncle Jean frappa deux brusques appels, et son épée, manœuvrant avec une rapidité prestigieuse, chercha le défaut de cette impénétrable cuirasse qui était au-devant de la poitrine du nabab.

Il n’était plus temps d’en prendre à son aise. Montalt avait maintenant l’œil au guet, le jarret tendu, la main leste. On voyait qu’il dépensait toute sa vigueur et toute son adresse pour parer les coups précipités que lui portait le vieillard.

Il fut obligé de rompre par trois fois.

Étienne, Vincent et Roger suivaient l’attaque d’un œil avide. Ils ne respiraient plus.

Nehemiah Jones, roide comme un piquet et portant sur son grave visage la tranquillité la plus heureuse, représentait bien dignement le flegme britannique au milieu de toutes ces émotions.

Le combat se poursuivait depuis cinq minutes, pour le moins, sans désemparer, et les minutes sont longues pour ceux qui voient deux hommes l’épée à la main ! L’oncle Jean avait gagné du terrain, mais on voyait de larges gouttes de sueur rouler sur sa joue enflammée, et son souffle sortait maintenant pénible de sa poitrine.

Le nabab, au contraire, gardait toujours la dureté froide et calme de sa physionomie ; sa