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LES BELLES-DE-NUIT.

posée de rouliers rennais, de Sauniers, de Guérande et de fermiers des environs ; l’autre illustrée par la présence de toute la société des bourgs voisins, qui venait pour la solennité du lendemain.

On était, en effet, aux derniers jours de novembre, et il faut n’avoir pas de carriole pour manquer la grand’messe de la cathédrale de Redon, un dimanche de fête majeure.

La société venait de s’asseoir autour de la longue table, où s’étalait un souper assez maigre : des brèmes de Vilaine, cuites dans la poêle, des pommes de terre à la sauce blanche, des œufs durs à profusion et un grand luxe d’assiettes de noix sèches. Les rouliers de l’autre table n’auraient certainement point voulu de ce repas.

Mais les rouliers mangeaient avec des fourchettes de fer, tandis que la société se servait d’argenterie d’étain pour découper ses œufs durs.

En outre, il y avait quelque chose de digne et de respectable à voir devant chaque convive, une bouteille de vin, où s’attachait la serviette pliée, ceci dans le propre pays du cidre !

Ces bouteilles étaient pour l’étiquette, si chère aux petits gentilshommes de la pauvre Bretagne. Elles étaient toutes à demi vides, et on les avait entamées peut-être six mois auparavant, la