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CHAPITRE PREMIER.

veille du dimanche de Pâques ou du jeudi de l’Ascension ; mais c’était du vin, du vrai vin, acide, épais, détestable, et l’on ne buvait pas du bon cidre comme les gens du commun !

Nous eussions retrouvé là toutes nos bavardes connaissances du salon de verdure de Penhoël : les trois Grâces Babouin-des-Roseaux-de-l’Étang, le chevalier adjoint et la chevalière adjointe de Kerbichel, madame veuve Claire Lebinihic avec ses trois vicomtes et même le bon père Chauvette, maître d’école du bourg de Glénac.

Il pouvait être huit heures du soir, et l’assemblée eût été complète, sans le retard du jeune M. Numa, le frère des trois Grâces, dont la chaise restait vide.

— Comme le temps passe !… dit la Romance, l’aînée des Grâces Babouin, en acceptant une queue de brème des mains du chevalier adjoint de Kerbichel ; voilà deux mois et demi à peine que nous étions assis à cette table, la veille de la mi-août, avec les Penhoël…

— C’est pourtant vrai !… répliqua-t-on à la ronde.

— Pauvre Madame !… murmura le père Chauvette ; pauvre oncle Jean !… comme ils étaient bons et comme on les aimait !

— Ça n’empêche pas, répliqua la Cavatine d’un ton aigre-doux, que le maître actuel de