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LES BELLES-DE-NUIT.

Redon vers trois heures après midi. Lola ne faisait point, cette fois, partie de l’expédition. Nos trois gentilshommes n’emmenaient avec eux que le maître de Penhoël et Madame.

René avait repris de la force, mais son intelligence était de plus en plus voilée, et tout le long de la route il n’avait fait que boire.

Marthe, au contraire, avait la conscience parfaite du rôle qu’on imposait à son mari. Elle se sentait prisonnière entre des mains ennemies, mais son courage éteint ne réagissait plus. Il n’y avait en elle qu’indifférence et apathie : elle n’eût point levé le bras pour détourner le couteau qui aurait menacé son cœur. Elle était en outre d’une faiblesse si grande que, chez elle, la volonté même de se révolter eût été impuissante.

Durant toute la route, sa fatigue l’avait plongée dans une sorte de sommeil pesant et maladif.

Ce qui allait se passer lui importait peu. Elle espérait que Dieu allait bientôt la réunir à ses filles chéries : Diane et Cyprienne, qui étaient descendues du ciel par deux fois pour visiter sa souffrance.

Sur terre, elle ne regrettait que Blanche.

En arrivant, elle s’étendit sur un lit, sur ce même lit où Lola s’était reposée, trois ans auparavant, tandis que Blaise et Robert faisaient