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CHAPITRE PREMIER.

À une lieue de Redon, René de Penhoël qui chancelait au trot de sa monture, en suivant machinalement la route connue du manoir, entendit derrière lui le galop d’un cheval.

La nuit était humide et sombre. C’était au fond de cette vallée, couverte de taillis, où Bibandier alignait jadis les rangs de sa fantastique armée.

Penhoël tourna la tête et vit dans les ténèbres une forme noire qui s’avançait rapidement.

C’était un cavalier dont la taille et la figure disparaissaient sous les plis d’un long manteau.

— Qui es-tu ? cria l’ancien maître d’une voix avinée.

Le cavalier ne répondit point.

— Moi, je suis Penhoël…, reprit René ; je vais racheter le manoir de mon père… et chasser Pontalès, le fils du gargotier de Carantoire, comme un chien qu’il est !…

Le cavalier garda le silence.

Malgré son ivresse, René se sentit le cœur serré par un effroi vague.

Il mit son cheval au pas. Le cavalier fit de même. René le considérait à la dérobée, et mesurait sa grande taille qui se développait confusément dans l’ombre.

Il mit les éperons dans le ventre de sa mon-