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LES BELLES-DE-NUIT.

les moulins !… dit Robert en passant sa bride autour d’une branche de chêne, nous allons jouer le tout pour le tout… et ces parties-là se gagnent plus souvent qu’on ne pense !

— Nous avons du malheur…, soupira Bibandier.

— Tais-toi ! s’écria Blaise ; sans ta bêtise, les petites seraient au fond de l’eau… et nous aurions dans nos poches les diamants du nabab !

— L’Endormeur, mon ami, répliqua Bibandier, tu n’as plus le droit de parler… Ton poison n’a pas mieux réussi que ma noyade… Les petites ont un sort !

— Imbécile !… grommela Blaise.

— La paix !… fit Robert ; nous n’avons pas le temps de nous disputer… Si nous travaillons comme il faut, ce soir, la chance peut tourner encore… Et ce qui me plaît dans cette partie, c’est qu’au moins elle ne sera pas longue à décider !

— Mais, dit Blaise, si nous la perdons… ?

— À la grâce du diable, mon bonhomme !… Si nous la perdons, il n’y a plus rien à faire en France… Tu files de ton côté, moi du mien ; Bibandier prend une troisième route, et nous recommençons sur nouveaux frais…

Il s’arrêta sur le bord du taillis qui faisait face au bourg de Bains, et reprit :