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CHAPITRE II.

— C’est dur à penser !… Les années viennent… et l’on n’est pas beaucoup plus avancé que le premier jour !… Bah ! chaque homme trouve l’occasion de faire fortune une fois dans sa vie… Il ne s’agit que de la saisir… Mes bons amis, c’est peut-être ce soir que notre étoile prendra sa place au ciel…

— Peste !… interrompit Blaise ; te voilà poëte !…

— Tu vas mourir !… marmotta Bibandier.

L’Américain fit la grimace à ce dernier mot.

Puis il releva la tête et montra du doigt la dernière maison du bourg.

— Si maître Protais le Hivain n’a point perdu ses vieilles habitudes, reprit-il, nous allons le voir sortir tout à l’heure et venir de ce côté, vers la brune, fumer sa pipe du soir…

— Mais que diable veux-tu faire de maître le Hivain ?… demanda Blaise.

Robert haussa les épaules.

— Penses-tu, répliqua-t-il, que M. le marquis de Pontalès viendrait volontiers à un rendez-vous que nous lui assignerions sur la lande, après la nuit tombée ?…

— C’est juste !… c’est juste, dit Blaise ; Macrocéphale nous servira d’appeau… Qui sait ? l’aventure sera drôle et nous allons peut-être rire !…