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CHAPITRE II.

manoir ?… reprit encore le vieux passeur dont la voix se fit plus vibrante ; je vois entrer ceux qui n’auraient jamais dû sortir… celles qu’on croyait mortes ont, autour de leurs lèvres roses, le sourire de la vie…

« Penhoël ne cherche plus ses filles parmi les belles-de-nuit, qui glissent sous les saules.

« Et l’absent, comme son cœur bat ! son noble cœur ! à respirer l’air aimé du pays !…

« Les larmes sont séchées dans les yeux de la sainte femme. Il y a un nouveau-né dans le berceau, paré de fleurs… »

Un sourire étrange éclaira sa face hâve ; il balbutia encore des paroles qu’on ne pouvait plus entendre, et sa tête lourde rebondit sur la paille de son oreiller.

Un long silence régna dans la cabane puis l’Américain rapprocha son escabelle du siége de Pontalès.

— Il y a du vrai dans ce que dit ce vieux fou, monsieur !… murmura-t-il. L’œuvre que vous avez édifiée péniblement, à force de trahisons et de mensonges, est sapée par la base… Tel que vous me voyez, marquis de Pontalès, je viens vous apporter la ruine ou le salut… C’est à vous de choisir.