Page:Féval - Les Belles-de-nuit ou les Anges de la famille, tome 5, 1850.djvu/267

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
263
CHAPITRE III.

ces hommes porteront témoignage dans l’accusation de vol et d’assassinat que les deux Penhoël comptent vous intenter.

Pontalès pressa son front chauve entre ses deux mains.

Un cri retentissant se fit entendre au dehors, dans la direction de la route de Redon.

On disait :

— Au bac !… ho !… ho !…

Le vieux passeur s’agita une seconde fois sous sa couverture, comme si ce cri eût remué son agonie.

— Le voilà !… murmura-t-il de sa voix creuse et haletante. Je le reconnais !… Mon Dieu !… donnez-moi une heure de vie, pour que le serviteur puisse saluer son maître avant d’aller vers vous.

Pontalès saisit une des copies et apposa convulsivement sa signature au bas du papier.

Tout le monde se leva. Robert souffla la résine.

La voix de l’agonisant s’éleva encore dans la nuit.

— Il a signé !… murmura-t-il mais Dieu veille !… Assassins… assassins, malheur à vous !…

La porte avait été ouverte. Bibandier, Pontalès et l’homme de loi étaient déjà dehors.

— Voilà trois mois que le vieux agonise !…