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CHAPITRE III.

fièvre le jetait hors de cette prudence cauteleuse, qui avait été sa règle durant toute une longue vie !

Robert riait dans sa barbe à le voir prendre la tête du bac et brandir son couteau.

Bibandier avait saisi la perche. Maître le Hivain se tenait coi à l’arrière de la barque, et sentait tous les tourments d’un homme paisible, lancé tout à coup au milieu d’une bataille.

Ils atteignaient le milieu de la rivière. On n’apercevait encore rien sur la rive opposée, tant la nuit était sombre.

— Couchez-vous au fond du bac…, dit Robert ; Bibandier seul doit se montrer à découvert.

Il joignit l’exemple au précepte et l’on ne vit plus, au-dessus du bord, que la tête chevelue de l’ancien uhlan.

Au bout d’une minute, celui-ci cessa de percher.

— Il est tout seul…, murmura-t-il.

— Aborde !… répliqua Robert.

Puis il ajouta en serrant le bras de Pontalès :

— On dit qu’entre vous et Penhoël, c’est une haine de plus d’un siècle… Vous avez droit à la préséance, M. le marquis… c’est vous qui frapperez le premier.